Le témoignage de Jean-Claude PETEYTAS, diacre du diocèse de Périgueux

Publié le par Diacres Permanents Vincentiens

Jean-ClaudeSUIVRE JÉSUS CHRIST SERVITEUR À LA FAÇON DE SAINT VINCENT

 

«Le diacre est prophète de la charité. Avec autorité dans la communauté, il rappelle à temps et à contre temps que les croyants doivent vivre l’unité, qui n’est pas uniformité, pour que le monde croie. Il fait en sorte que les membres de l’Église aient des yeux pour voir les misères cachées, des oreilles pour entendre les murmures des sans voix. Il est, enfin, celui à qui est confiée l’Eucharistie pour la partager aux pauvres selon l’Évangile.»

Ces paroles furent prononcées par l’Évêque de mon ordination, le Père Jacques Patria, alors évêque de Périgueux, qui m’a imposé les mains… voici plus de 23 ans.

Faire en sorte que mes frères chrétiens découvrent les misères cachées et entendent les sans voix. En fait, ces paroles de l’évêque venaient confirmer ce que depuis longtemps j’essayais de vivre… à la lumière de Saint Vincent de Paul.

Depuis l’âge de 7 ans, la personne de Monsieur Vincent est cette présence «vitale» dans et pour ma vie. Dans un livre d’histoire, à l’école publique de mon quartier, j’ai, à cette époque, été saisi, oui «saisi», par ce visage inspirant douceur et bonté, volonté et service. Mon curé, alors que j’avais 15 ou 16 ans, m’a inséré dans la Conférence de la Société de Saint Vincent de Paul de ma paroisse. Depuis ce moment-là, j’ai sans cesse visité personnes âgées, isolées et malades. Rencontres et vécus avec la Communauté des Filles de la Charité présente dans mon quartier (rencontre «fondatrice» pour moi avec Sœur Sirjacq, sœur servante de cette communauté). Rencontres encore avec les Lazaristes présents alors au grand séminaire et rencontre (providentielle) avec un grand fils de Saint Vincent, Pierre Aymard Soustrougne.

Ce n’est pas pour rien toutes ces rencontres : elles m’ont guidé vers la découverte de l’Apôtre de la charité.

Mais pourquoi, une fois diacre du Diocèse de Périgueux, demander un engagement dans la Compagnie ?

Je venais d’être ordonné (avril 1983) quand le prêtre chargé du diaconat dans mon diocèse dit aux 3 premiers diacres que nous étions : «Faites attention de ne pas «rouler» pour vous-même. Ne vivez pas votre ministère de diacre dans la solitude. Il serait bon que vous soyiez rattachés spirituellement à une famille».

Ces paroles ont déclenché en moi le déclic d’un désir porté depuis longtemps : m’engager dans la Congrégation de la Mission. Quelque chose devenait clair en moi : vivre mon ministère de Diacre à la suite de Vincent de Paul en lien avec les prêtres et les frères de la Congrégation fondé par lui.

Je m’en suis ouvert aux Pères Soustrougne et Labourse (alors curés de Château l’Évêque, à 10 km de chez moi.)

Ils m’ont demandé d’en parler avec le Père Joseph Bouet, alors Visiteur de Toulouse. Ce fut le départ d’une longue recherche. Quelle joie quand j’ai appris qu’un diacre du Québec, à 6000 km de moi, demandait aussi d’entrer dans la Congrégation de la Mission. Une rencontre eut lieu entre nous : Roger et Raymonde Dubois, mon épouse Jeanne-Marie et moi-même. De longues années ont passé avec des liens grandissants entre moi et la province de Toulouse, et une réflexion menée aussi avec le Père André Sylvestre.

Ces années ont abouti à la joie de la création de l’Association des diacres vincentiens au sein de la Congrégation de la Mission. (Ce qu’expliquent par ailleurs Claude Lautissier et Jean-Pierre Renouard).

Depuis le 1er juillet 2003, des statuts ont été proposés «ad experimentum» de 3 ans pour cette association des diacres vincentiens. Sans doute faudra-t-il faire le point lors des prochaines Assemblées des provinces de Paris et de Toulouse en janvier 2007.

Pour ma part, je ne veux que souligner ici le pourquoi de mon engagement comme diacre marié dans la Compagnie. A la réflexion, j’ai dit à mon évêque que si j’ai répondu « oui » à mon appel au diaconat par l’Église c’est en particulier à cause d’une parole de Saint Vincent : «Rien ne me sert d’aimer Dieu, si mon prochain ne l’aime.» Répondre «oui» au diaconat c’est pour moi prendre au sérieux l’appel et l’envoi à la Mission. Diacre, je suis, je dois être «prophète de la charité». Il me semble que Saint Vincent et pour moi l’exemple par excellence du service des pauvres. Dans le cadre de la Congrégation de la Mission, je m’engage à «suivre le Christ, Evangélisateur des pauvres.»

Bien sûr, je suis diacre du diocèse de Périgueux. Mais ne serait-ce pas possible «d’appartenir» à une congrégation qui m’aide à vivre le service des pauvres au cœur de mon diocèse ?

Mon évêque est bien conscient de cela, qui m’a donné une mission «respectant la spiritualité vincentienne.» Ainsi je suis envoyé avec la Mission Ouvrière en ayant le souci des «petits» des quartiers populaires avec la société de Saint Vincent de Paul dont je suis le conseiller spirituel pour le département de la Dordogne et envoyé aussi au monde des Artisans de la Fêtes comme aumônier diocésain. Beaucoup de temps aussi consacré aux malades, aux isolés et aux migrants.

Pour terminer cet article qui se veut un petit témoignage sur ce que l’Esprit peut susciter en nos vies, je veux souligner ma joie de faire parti de la Congrégation de la Mission par le lien actuel de l’Association. Je me sens «vraiment» de la Maison, je suis attentif à tout ce que vie la Compagnie. Chaque jour, ma vie de prière et de charité, je la vis en communion avec la Congrégation de la Mission. C’est vraiment ma famille spirituelle, le lieu où je puise la façon de vivre comme diacre.

À l’âge de 7 ans, Vincent s’est imposé à moi. Par la Congrégation de la Mission, je veux devenir toujours plus serviteur des pauvres à la façon de Saint Vincent. N’est-il pas ce merveilleux serviteur des pauvres et donc l’exemple pour un diacre ?

S’il vivait aujourd’hui, il me semble qu’il désirerait, à la suite du concile Vatican II, que des diacres permanents soient membres à part entière de la Congrégation de la Mission. Puisque c’est un concile pastoral qui a demandé à l’Église Catholique et donc à chaque diocèse d’ordonner des diacres permanents (mariés ou célibataires) pour traduire le souci de la mission et du service des pauvres, les congrégations et les Instituts séculiers peuvent-ils se passer de l’apport que le rétablissement du diaconat peut assurer pour eux-mêmes ?

C’est une question, me semble-t-il, dont l’ensemble de la Congrégation de la Mission doit s’emparer pour répondre aujourd’hui au défi de l’Évangélisation, en ce début du troisième millénaire. Il semble que le processus d’association à titre expérimental offert par le groupe et la Congrégation de la Mission en France soit déjà une première réponse. Il va falloir d’ici peu en faire le bilan.

Pour ma part, je suis heureux de vivre en communion fraternelle avec mes confrères prêtres et frères de la Congrégation pour mieux «suivre le Christ, Évangélisateur des pauvres».

 

J.Cl.  PETEYTAS
Diacre du Diocèse de Périgueux

le 30 juillet 2006

Cahiers Saint Vincent 2006 

Publié dans Témoignages

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